Une année s’est écoulée depuis la disparition de la reine Elizabeth II. Du haut de son mètre 50, elle a brillé par sa grandeur d’âme. Celle qui a dévoué 70 années de sa vie au service de ses peuples a marqué profondément l’histoire. On dit que l’Angleterre s’est faite par ses reines. Elizabeth II semble confirmer cette règle.
Plus qu’une reine, Elizabeth fut aussi une mère et une grand-mère. Véritable matriarche en son palais, elle a régné sur sa descendance avec bienveillance. C’est finalement avec William qu’elle a créé une réelle complicité qui s’est confirmée avec les années. C’est l’histoire d’un lien étroit rempli d’amour entre un futur roi et sa grand-mère érigée en véritable mythe.
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L’héritier tant espéré
Nous sommes le 21 juin 1982 lorsque William pousse ses premiers cris à l’hôpital St Mary de Londres. Avant la présentation à la presse,Elizabeth II est la première des Windsor à se rendre dans l’aile privée de cet établissement réputé. Pressée de faire la rencontre de son second héritier, elle s’y rend seule. Elle se penche sur son berceau et s’exclame d’un ton moqueur « au moins, il n’a pas les oreilles de son père ! »
Elizabeth est ravie. Après le mariage grandiose du prince Charles un an plus tôt avec Lady Diana Spencer, elle ne pouvait espérer mieux que la naissance d’un petit garçon. William n’est pas son premier petit-fils, la princesse Anne ayant donné naissance à un garçon et une fille avant lui, mais dans ses yeux de souveraine il est le premier.
Harry vient au monde en 1984. William devient un grand frère qui s’impose en modèle pour lui. Et quel modèle… L’aîné des Galles est une terreur intenable qui ne supporte aucune contrariété. Dans la cour de récréation comme dans les couloirs des palais, il agit en petit dictateur qui terrifie son entourage.
Le temps passe et le garçonnet grandit et s’assagit. Il devient le prince modèle que tout souverain rêverait d’avoir. Sérieux, un brin timide, soucieux de ses devoirs, il sait où est sa place et quel est son rôle. Le futur roi doit pourtant se former avant de monter sur le trône.
Formation royale
En 1995, il entre au collège d’Eton. Voisin du château de Windsor, il a tout le loisir de s’y rendre aussi souvent que possible pour visiter ses grands-parents. Depuis ses fenêtres, Elizabeth peut admirer les façades de cet établissement de l’élite britannique. Pour la reine, ce voisinage est surtout propice à la prise en charge de la formation du jeune prince.
En tant qu’héritier de la Couronne, William n’est pas un garçon comme les autres. Appelé à représenter l’une des plus importantes monarchies du monde, il se doit de connaître parfaitement les usages dignes de sa fonction, son rôle constitutionnel et son importance symbolique et diplomatique pour le Royaume-Uni. Elizabeth II est déterminée à lui inculquer tout le savoir qu’elle a cumulé au travers les années.
Chaque dimanche, elle l’invite à déjeuner au côté du prince Philip. Le duc d’Edimbourg s’éclipse alors pour l’heure du thé, et les laisse seuls. C’est là que la magie des cours elizabethains opère. La souveraine lui dévoile les secrets du « métier de roi » pour s’assurer que William corresponde parfaitement à ses attentes. Elle n’avait pas réussi à transmettre ses connaissances à Charles, c’est donc sur William que reposent tous ses espoirs pour l’avenir de la monarchie.
Ces rendez-vous hebdomadaires rythment toute la scolarité de William à Eton. Ils permettent aussi et surtout de faire naître entre eux une véritable complicité. Ils se découvrent bien des points communs. Calmes et réfléchis, ils sont habités par une puissante conscience de leurs devoirs royaux. Emplis d’une dignité toute royale, ils aiment aussi la quiétude de la campagne anglaise, profitant des propriétés de la famille royale. Ils savent tous deux que pour faire perdurer l’institution, ils doivent la faire évoluer avec son temps tout en préservant les traditions monarchiques. Will et Gan-Gan (comme il aime l’appeler depuis ses premières années) forment ainsi un duo complice.
Un soutien face à la noirceur du temps
A la fin du mois d’août 1997, William et Harry terminent un séjour avec leur mère dans la propriété française des Al-Fayed, la famille de son amant du moment. Ils partent ensuite en Ecosse rejoindre leur père et leur grand-mère. Les garçons vivent un quotidien divisé entre deux foyers depuis plusieurs années. Charles et Diana s’étaient séparés en 1992 avant de divorcer 4 ans plus tard.
William s’endort difficilement le soir du 30 août. Il vient de se disputer au téléphone avec sa mère au sujet de son idylle avec Dodi Al-Fayed. Il est 3h du matin lorsque la nouvelle de la mort tragique de la princesse vient à Balmoral. Un accident de la route avait mis fin à une course-poursuite avec des paparazzis dans les rues parisiennes. Charles est dévasté. Il hésite à réveiller ses fils mais la reine intervient et lui conseille d’attendre leur réveil pour préserver leur nuit. Il est 7h du matin lorsque le prince de Galles entre dans la chambre de William. Le garçon se réveille et voit son père assit au pied de son lit, le visage rougit par les larmes. Maman est morte.
Elizabeth II n’attend pas le réveil de ses petits-fils pour agir. Elle n’a pas dormi de la nuit pour préparer le château au réveil des orphelins. Elle ordonne que toutes les télévisions et tous les postes de radio de la demeure soient retirés. Seuls ceux de son bureau sont laissés intacts. Les journaux sont quant à eux livrés uniquement dans cette pièce. La reine veut protéger ses petits-fils de l’émotion populaire qui a envahi le monde. Ce matin-là, elle accepte la requête de William d’assister à la messe. Face au drame, les Windsor resserrent leurs rangs et s’enferment dans leur forteresse, délaissant un peuple apeuré. Cette série de décisions d’Elizabeth, visant pourtant à protéger ses petits-fils, sont finalement une suite de malentendus qui conduisent au désamour des Britanniques pour leur reine. Elizabeth est finalement obligée de mettre son rôle de grand-mère compatissante entre parenthèses pour le bien de la monarchie et rentre à Buckingham quatre jours plus tard.
William, un prince pour la reine
Sans la présence de sa mère, William continue de grandir en s’appuyant sur un trio solide : ses grands-parents et son père. Il commence une existence d’étudiant en entrant en 2001 à l’université de St Andrews. Elizabeth II ne veut pas faire les mêmes erreurs qu’avec Charles. Elle laisse à son second héritier la possibilité de se construire sans le poids des obligations. Elle convient qu’il commencera pleinement son existence de prince du Royaume-Uni qu’à partir de ses 25 ans.
Sur les bancs de St Andrews, William rencontre Catherine Middleton, surnommée Kate. Une véritable histoire d’amour est née. Charles avait été la victime d’un système monarchique hérité par des siècles de mariages arrangés. Force est de constatée que son union avec Diana fut un véritable échec. Elizabeth II l’a bien compris. Elle sait que pour faire perdurer la monarchie, elle doit faire passer l’amour des siens avant ses devoirs. Adieu aux mariages de convenance, et bonjour au bonheur des Windsor.
William est autorisé par sa grand-mère à épouser sa bien-aimée. Pour être certain que Kate ait les épaules suffisamment solides pour endurcir les exigences du protocole britannique, il a patienté 8 ans avant de faire sa demande. Désormais sûr de son choix, il l’épouse en grandes pompes en l’abbaye de Westminster le 29 avril 2011. Kate devient ainsi la première roturière, petite-fille de mineurs, à faire son entrée dans la première des familles anglaises. Elizabeth savait que pour régner, William aura besoin de tout l’amour et le soutien de la femme qu’il aime. Pour montrer officiellement sa bénédiction, elle les fait duc et duchesse de Cambridge.
Le couple finit par donner naissance à trois enfants. La reine est fière de poser sur les portraits officiels à leurs côtés. Avec trois héritiers vivants, l’avenir de la Couronne est assuré. D’autant que William finit par vouer lui aussi son existence au service de sa grand-mère. Après une carrière militaire dans la Royal Air Force, il devient prince du Royaume-Uni à plein temps en 2017. A cette date, le prince Philip prend sa retraite publique. Elizabeth perd son plus important soutien dans sa charge. Elle a besoin de l’aide indispensable de la jeune génération.
Avec Kate, William part représenter sa grand-mère aux quatre coins du monde. L’Israël, l’Australie, le Canada, la France… Le prince et son épouse deviennent les diplomates stars du Royaume-Uni. Avec leurs enfants, ils représentent l’avenir moderne, jeune et populaire de l’institution. William n’hésite pas non plus à accompagner sa grand-mère dans certaines de ses obligations. Elizabeth II sait qu’elle peut compter sur ce petit-fils qui lui ressemble tant.
Le soutien des derniers jours
Au cours de sa vie, William a rendu plusieurs fois hommage à la reine, notamment en 2016 : « Son engagement envers les autres est incroyable. Je pense que tout cela m’a permis de comprendre ce que peut être un bon monarque. Ça a été extrêmement formateur pour moi de voir son leadership en grandissant. » (documentaire de la BBC pour les 90 ans de la reine).
Le prince Philip rend son dernier souffle en avril 2021. C’est de trop pour Elizabeth II qui, du haut de ses 95 ans, voit ses forces diminuer. Vivre sans la présence rassurante de son tendre prince consort lui est insupportable. Elle maigrie et ne se déplace plus qu’avec une canne ayant appartenu à Philip. Elle limite progressivement ses apparitions publiques, se faisant de plus en plus souvent remplacée par Charles et William.
Le duc de Cambridge est inquiet pour sa grand-mère. Le 7 septembre 2022, il aménage avec sa famille à Adelaide Cottage, une maison de stuc blanc située à seulement un kilomètre et demi du château de Windsor. Le même jour, les enfants visitent leur nouvelle école. Les Cambridge se rapprochent définitivement de la demeure préférée de la reine pour être auprès d’elle.
En ce début du mois de septembre, Elizabeth II n’est pourtant pas à Windsor. Elle termine ses vacances écossaises à Balmoral. L’après-midi du 8 septembre 2022, elle rend son dernier souffle dans sa chambre entourée de Charles, Camilla et Anne.
William est visiblement très affecté. Il peine à cacher sa profonde tristesse en public notamment lorsqu’il préside l’émouvante veillée des petits-enfants de la reine. Au cours des jours qui suivent son décès, William participe aux grandes étapes du deuil national, marchant au pas derrière la dépouille de sa chère Gan-Gan. D’un naturel réservé, il ne peut s’empêcher de publier un communiqué rendant hommage « à une dirigeante extraordinaire », se sentant incroyablement chanceux d’avoir bénéficié de sa sagesse et de son réconfort dans sa quatrième décennie.
La Couronne, la famille, la nation. Ainsi pourrait être la devise de cet homme devenu prince de Galles, s’érigeant en véritable successeur d’une reine tant admirée de par le monde. Ensemble, ils se sont épaulés pour affronter toutes les tempêtes sociales, politiques, diplomatiques et familiales qui ont ponctué leur route. Ensemble, ils représentent une certaine idée de la monarchie. Un duo efficace en somme qui a donné naissance à un avenir royal rempli d’espoir.