Rois et princes d’Angleterre homosexuels

« Si Adam avait été homosexuel, personne ne serait là pour le dire. » Ainsi s’exprimait Oscar Wilde, l’un des plus célèbres écrivains britanniques de l’ère victorienne, homosexuel de son état. Si cette citation a marqué l’histoire pour son brin d’humour piquante, elle révèle aussi un fait certain : l’homosexualité est aussi vieille que l’humanité.

Plus ou moins acceptée selon les époques, plus ou moins violentée selon les couches sociales, cette catégorie de personnes attirées sexuellement par le même sexe qu’elles a toujours fait partie de notre société. Au sein des royaux, l’homosexualité est aussi présente. Monsieur, frère du roi Louis XIV, Frédéric II de Prusse ou encore Louis II de Bavière sont certainement leurs plus célèbres représentants.

L’histoire britannique compte elle aussi sa liste de rois et princes homosexuels aux destins plus romanesques les uns que les autres.

 

Ces rois d’Angleterre qui aimaient les hommes

Richard cœur de Lion, une passion pour Philippe Auguste

Avant de devenir roi d’Angleterre en 1189, Richard, fils d’Henri II Plantagenêt et d’Aliénor d’Aquitaine, fut couronné duc d’Aquitaine. Celui qui a l’Aquitaine chevillé au corps met ses devoirs de souverain au premier plan de sa vie. Cette facette de sa personnalité est particulièrement appréciée par sa mère dont il est le fils préféré. A Richard, Aliénor pardonne tout tant il est dévoué à sa personne. Il a même été capable de prendre les armes pour la défendre dans sa guerre de pouvoir qu’elle mène contre Henri II. Aliénor a de grands projets pour son fils. Au nom de la paix entre la France et l’Angleterre, elle l’oblige à se fiancer avec la fille du roi Louis VII, son ex-mari. Aélis de France est appelée à se rendre à la cour St James. Henri II en aurait fait alors sa maîtresse à qui elle aurait donné un fils. Ces rumeurs, bien que jamais confirmées, obligent Richard à renoncer à cette union.

C’est donc un roi célibataire qui monte sur le trône d’Angleterre. Pour assoir son pouvoir, Richard n’a pas le choix : il doit trouver une épouse qui lui donnera une descendance. Mais en attendant, il est plutôt pressé de guerroyer. En 1190, il prend le chemin de Jérusalem pour la troisième croisade. Richard ne s’y rend pas seul. Il est accompagné de son homologue et ami le roi Philippe Auguste. Les deux souverains se connaissent bien. Ils se fréquentent depuis l’enfance. Les deux rois rient beaucoup et se retrouvent souvent à huit clos. Bref, ils ne se quittent jamais, au point de partager leur couche. Les chroniqueurs du XIIe siècle parlent « d’amour » pour qualifier leur relation.

Cette amitié amoureuse médiévale n’a pas le même sens qu’aujourd’hui. Les historiens se déchirent depuis le XXe siècle pour tenter de comprendre la sexualité de Richard. Quoi qu’il en soit, la relation entre Richard et Philippe devient une rivalité qui aura des conséquences militaires. En croisade, Philippe reproche à Richard d’avoir annulé ses fiançailles avec sa sœur. D’autant qu’au cours de sa prise de Chypre, Richard épouse à la hâte Bérengère de Navarre en 1191, sur ordre de sa mère. Ce mariage met fin définitivement à l’amitié entre les deux hommes. Le roi d’Angleterre termine seul la croisade pendant que le roi de France en profite pour tenter de récupérer ses terres angevines.

L’amour royal entre Richard et Philippe ne fut qu’éphémère. Si le roi d’Angleterre ne donna aucun enfant à sa reine, il eut néanmoins des maîtresses à qui il donna des enfants illégitimes. Il est donc convenable d’affirmer que ce roi cultivé qui aimait le chant et la poésie autant que les armes fut bisexuel dans ses jeunes années.

 

Edward II, aux armes pour ses favoris

Edward II naît en 1284 au château de Caernarfon, moins d’un an après la conquête du pays de Galles par son père. Il devient ainsi le premier prince de Galles de l’histoire, celui sur qui le roi Edward Ier peut compter pour assoir son autorité sur ce territoire. Pour cet héritier, il faut une éducation à la hauteur de son rang. Il devient un jeune prince curieux qui, en grandissant, devient un homme grand, fort et doté d’une beauté flamboyante. Pourtant, aussi beau qu’il soit, Edward ne semble pas attiré par la gent féminine.

Adolescent, il s’attache à un certain Pierre Gaveston. Ce fils de chevalier gascon était l’un des pages de son père. Edward Ier le fait écuyer de son fils, pensant que leur âge similaire leur permettrait de se rapprocher. Une amitié est bien née. Les deux hommes sont si proches que des rumeurs commencent à naître. Le prince de Galles entretiendrait des relations sexuelles avec son favori. De son vivant, plusieurs chroniqueurs relèvent ces dires, l’accusant ouvertement de sodomite. Mais il faut dire que la position de Gaveston avait fait naître bien des jalousies. Edward II monte sur le trône en 1307. Il couvre alors Gaveston de titres et de privilèges. Ces jalousies vont mener à des guerres civiles. Les barons lèvent une armée contre leur roi et son amant. Edward II le défend, mais ce n’est pas suffisant. Gaveston est assassiné par le comte de Warwick en 1312.

La mort de son ami et supposé amant rend Edward II inconsolable. Par devoir, il avait épousé Isabelle de France, fille du roi de France Philippe le Bel, à qui il donna quatre enfants. Mais aux yeux d’Edward II, seule l’affection de Gaveston comptait. Certains historiens viennent à douter de la supposée homosexualité d’Edward II. Pourtant, d’autres favoris viendront après la mort tragique de son ami gascon tel que Hugues le Despenser le Jeune. Comme Gaveston, Hugues fut l’objet de nombreuses querelles nobiliaires mais Edward prit toujours les armes pour le défendre. Mais la puissance des barons de l’époque a souvent conduit au malheur. Comme Gaveston, Hugues le Despenser finit exécuté. La société médiévale, fortement marquée par l’influence de l’Eglise, assimilait la sodomie à de l’hérésie. Ces accusations étaient bien souvent utilisées dans le seul but de détruire la réputation d’un homme.

 

Richard II, homosexuel politique

Richard II devient roi en 1377. Il succède au charismatique Edward III qui régna pendant cinquante ans. Richard est un jeune roi de 10 ans seulement. Il tente néanmoins de grandir d’un monde d’adultes et se rapproche alors d’un certain Robert de Vere. Les deux hommes vont lier une réelle amitié. Richard le dit : il ne peut régner sans la présence de son ami à ses côtés. Il le couvre rapidement de privilèges le faisant duc d’Irlande en 1386. Robert devient le premier noble ne faisant pas partie de la famille royale à accéder au rang ducal.

Une telle ascension donne lieu, encore une fois, à bien des rancœurs de la part de ses pairs qui ne comprennent pas les choix de leur roi. Thomas Walsingham, un moine copiste anglais, chroniqueur de son époque, va jusqu’à les accuser d’être des « sodomites ». En raison de leur opposition à Robert de Vere, cinq nobles vont jusqu’à déposséder Richard II du contrôle politique de son royaume en 1388. Robert prend les armes pour défendre son ami mais il est défait après quelques mois de combats. Forcé à l’exil en France, il meurt d’un accident de chasse en 1392. Richard fait alors rapatrier son corps en Angleterre pour l’inhumer en son royaume. Il organise personnellement ses funérailles au cours desquelles il fait ouvrir le cercueil pour embrasser sa main et regarder une dernière fois son visage. Si leur homosexualité n’est que suggérée, leur amitié fut pour autant bel et bien réelle.

 

Jacques Ier ou l’amour des hommes

 

Enfant roi, Jacques VI d’Ecosse succède à Marie Stuart en 1567 âgé seulement de onze mois. Il vit ses jeunes années entouré d’hommes gardant jalousement leur influence sur lui. Comme tout monarque, Jacques doit se marier pour donner vie à un héritier. A 22 ans, il épouse la princesse Anne de Danemark. Ensemble, ils ont trois enfants viables. Mais Jacques est loin d’éprouver une véritable passion pour son épouse. Son intérêt se tourne plutôt vers le sexe fort. Toute sa vie, il entretient d’étroites relations avec des courtisans masculins. Parmi eux, trois hommes ont particulièrement marqué son existence : Esmé Stuart, Robert Carr et George Villiers.

Le premier d’entre eux est l’un de ses cousins. Bien qu’Ecossais, Esmé Stuart est seigneur d’Aubigny en France. Pendant la minorité du roi, il est l’un des régents du royaume d’Ecosse. Vingt-cinq ans séparent Jacques et Esmé mais ils se rapprochent au point que des rumeurs de relations charnelles font leur apparition. Les tendances homosexuelles du roi sont connues du parlement. Esmé est accusé de les susciter. Qu’à cela ne tienne, il est pour autant fait duc de Lennox en 1580. Les ennemis ne manquent pas à ce lord écossais. Il est alors kidnappé, emprisonné puis forcé à l’exil pour sauver sa vie. Il meurt prématurément à Paris en 1583 après avoir entretenu une correspondance secrète avec le roi. Jacques ne se remit jamais de la perte de celui qu’il considérait comme son premier amour.

Il succède en 1603 à Elizabeth Ire sur le trône d’Angleterre. Celui que l’on nomme désormais Jacques Ier continue à mener une double vie. Officiellement, il est fidèle à sa reine qui tombe enceinte à douze reprises ; officieusement, il cumule les amants. En 1610, il remarque Robert Carr, un jeune Ecossais faisant ses premiers pas à la cour. En un rien de temps, Jacques Ier le fait secrétaire privé, chevalier de la Jarretière et comte de Somerset. L’influence de Robert sur le roi est telle qu’il est capable de le persuader de dissoudre le parlement après qu’il se soit montré hostile à ses amants écossais. Mais son statut de favori fut bref. En 1615, Robert et son épouse sont arrêtés, jugés puis emprisonnés pour le meurtre de Thomas Overbury. La chute de Somerset permet l’élévation de George Villiers.

Entré à la cour Saint-James en 1612, George est rapidement remarqué par Jacques Ier pour sa grâce et sa beauté. Pendant trois ans, George tente d’évincer Robert Carr de son statut de favori. Une fois Robert emprisonné, George obtient toutes les faveurs de son royal amant. En 1623, il devient duc de Buckingham. Il s’enrichit considérablement en plus de cumuler les pouvoirs à la cour. Il a l’oreille de Jacques Ier et il s’en sert pour ses intérêts personnels. Influent dans la politique du roi, il le pousse à dissoudre plusieurs parlements et à déclarer plusieurs guerres. La mort de Jacques Ier en 1625 n’empêche Buckingham de garder son siège de courtisan. Il s’arrange pour devenir le favori amical de Charles Ier. Ce courtisan bisexuel est surtout profondément ambitieux pour lui-même. Toute occasion est bonne pour lui pour s’élever socialement. Ainsi, lorsqu’il est envoyé en France pour négocier le mariage du jeune roi avec l’une des filles de Henri IV, il s’empresse de courtiser la reine Anne d’Autriche. Si le mariage aura bien lieu, Buckingham s’attire les foudres de Louis XIII et de Richelieu. Détesté de tous, l’issue de Buckingham est fatale. Il est assassiné en 1628.

Si l’homosexualité de Jacques Ier est toujours discutée par certains historiens, elle semble difficilement contestable. Jacques Ier fut l’un des rares rois d’Angleterre écrivain. Dans l’un de ses ouvrages, Basilikon Doron, il cite la sodomie comme l’un des crimes impardonnables. S’agit-il d’une confession pour laver ses péchés la veille du trépas ou d’une véritable pensée qui élimine toute rumeur d’homosexualité ? Le mystère demeure.

 

Guillaume III, l’homosexualité comme arme contestataire

Guillaume III d’Orange-Nassau monte sur le trône en 1689 conjointement avec son épouse Mary. Ensemble, ils ont renversé le roi catholique Jacques II après la Glorieuse Révolution. Ce couple royal protestant n’a qu’une obsession : consolider leur pouvoir face aux prétentions jacobites qui veulent redonner le trône à Jacques II et ses descendants.

Leur règne entier est marqué par de nombreux soulèvements jacobites qui les considèrent comme illégitimes. Pour eux, tous les moyens sont bons pour décrédibiliser le souverain. D’autant que Guillaume III règne seul à partir de 1694 sans avoir réussi à donner naissance à une descendance. Les jacobites diffusent de nombreux pamphlets en Angleterre visant à insulter le roi. Certains le dépeignent comme un homosexuel notoire, avide de jeunes garçons.

Guillaume III fut effectivement proche de certains nobles anglais tel que Arnold Joost van Keppel qui fut son protégé jusqu’à sa mort en 1702. Le comte de Portland va même jusqu’à prévenir le roi en 1697 des conséquences des rumeurs d’homosexualité qui planaient sur sa réputation. Guillaume III réagit laconiquement en déclarant, « il me semble très extraordinaire qu'il soit impossible d'avoir de l'estime et de la considération pour un jeune homme sans que cela soit criminel ». Qu’on se le dise, telle Marie-Antoinette et sa brioche, Guillaume III et son homosexualité restent enfermés dans le tiroir des légendes.

 

Anne, une reine bisexuelle ?

Anne est l’une des filles de Jacques II. Sa sœur aînée Mary avait usurpé le trône de leur père lors de la Glorieuse Révolution en soutenant les prétentions de son époux Guillaume III. Mais lorsque le couple disparaît en 1702, il est hors de question de redonner le trône aux Stuart catholiques. En 1701, Guillaume III avait signé l’Acte d’Etablissement qui interdit aux catholiques de régner en Angleterre. C’est donc à Anne, une princesse protestante, que revient la couronne.

Anne a épousé en 1683 le prince George de Danemark dont elle tombe enceinte à dix-sept reprises mais seul un garçon semble suffisamment robuste pour vivre. Finalement, le petit Guillaume meurt en 1700, onze ans après sa naissance. Ce fut le véritable drame de la vie de la reine Anne. Heureusement, elle peut compter sur son amie Sarah Churchill pour la consoler.

Sarah arrive à la cour d’Anne en 1675 lorsqu’elle n’est encore que princesse. Elles deviennent rapidement amies. Anne est une adolescente timide et isolée, quand Sarah est une jeune fille charismatique et populaire. Ces deux opposées éprouvent une réelle affection l’une pour l’autre. Pour qu’il n’y ait aucune distinction de rang entre elles, elles se donnent des surnoms : Mrs Morley pour Anne et Mrs Freeman pour Sarah.

Très vite, des tensions vont naître entre elles. Sarah ne cache pas ses sympathies pour le parti Whig, opposé aux prérogatives royales ; alors qu’Anne est un farouche soutien aux Tories. Cette opposition politique donne lieu à des scènes de ménage mémorables. Mais Sarah tient bon. Elle est une confidente indispensable. Elle sait jouer de son influence pour s’attirer quantité de privilèges. Son amitié et les victoires militaires de son époux John leur permettent de devenir duc et duchesse de Marlborough à l’avènement d’Anne sur le trône.

La relation entretenue par les deux filles fut toujours déséquilibrée, Anne aimant davantage Sarah que l’inverse. Aux yeux de la duchesse de Marlborough, il s’agit avant tout d’opportunisme, voir même de pitié. Si le film « La Favorite » dépeint une relation amoureuse et même sexuelle entre elles, aucun historien n’est capable de prouver ces dires. Anne a bien eu d’intenses relations avec plusieurs femmes au cours de sa vie, comme Abigail Masham, la cousine de Sarah qui va la remplacer dans le cœur de la reine jusqu’à la fin de sa vie, mais rien ne laisse à penser qu’il s’agissait de véritables relations amoureuses.

 

Ces autres membres de la famille royale britannique gay ou bisexuels

Prince George, duc de Kent, une vie tourmentée

Le prince George, duc de Kent, est le frère cadet des rois Edward VIII et George VI. Ce prince dévoué à la Couronne épouse en 1934 la princesse Marina de Grèce et de Danemark qui lui donne trois enfants. Si publiquement, la vie du prince semble parfaite, dans les couloirs de sa résidence londonienne la réalité était tout autre.

L’oncle d’Elizabeth II avait une vie bien dissolue où le libertinage et la drogue étaient maîtres. Il avait un esprit tourmenté qu’il tentait d’apaiser par la prise de morphine et de cocaïne ainsi que l’accumulation de liaisons avec des femmes, mais aussi des hommes. Son épouse fut très rapidement au courant de sa double vie, mais au nom des convenances, elle ne lui en tint jamais rigueur. Parmi ses maîtresses, on compte l’autrice à succès Barbara Cartland ou encore Margaret Whigham, duchesse d’Argyll. En ce qui concerne ses amants, le prince Louis-Ferdinand de Prusse, petit-fils du kaiser Guillaume II, ou bien l’historien d’art Anthony Blunt.

Longtemps gardée secrète, la double vie du prince est aujourd’hui attestée, faisant du duc de Kent le premier membre de la famille royale officiellement considéré comme bisexuel.

 

Lord Ivar Mountbatten, un cousin ouvertement gay

Lord Ivar Mountbatten est un lointain membre de la famille royale britannique. Il descend lui aussi de la reine Victoria. Surtout grâce à son père, il est un cousin au second degré du roi Charles III. Proche du prince Edward, il est l’un des parrains de sa fille aînée Lady Louise. Hormis ce baptême, Ivar menait d’abord sa vie dans un relatif anonymat. Ce n’est qu’en 2016 que son destin bascule.

Après vingt-deux ans de mariage avec Penelope Thompson qui lui donna trois filles, il fait officiellement son coming-out dans les colonnes du Daily Mail en révélant sa relation avec James Coyle, un directeur des services de cabine d'une compagnie aérienne qu'il avait rencontré un an plus tôt dans une station de ski suisse. Dans cette interview, il révèle avoir toujours eu des doutes sur sa véritable identité sexuelle. Se pensant d’abord bisexuel, il l’avait confessé à son épouse qui l’avait toujours soutenu dans sa recherche d’identité. Le couple a donc divorcé en 2011 d’un commun accord, sans aucune rancœur. Tout en bénéficiant du soutien de sa famille, il débute sa nouvelle vie auprès de James Coyle qu’il épouse en 2018. Il devient ainsi le premier cousin (aussi lointain qu’il soit) du roi à vivre pleinement son homosexualité. Cette avancée majeure rend possible la question : qu’en sera-t-il si un futur roi ou monarque en exercice fait son coming-out ?

 

Un roi ouvertement homosexuel, un scénario possible ?

En février 2019, Sky Data poll révèle un sondage très peu ébruité. Selon ce dernier, 63% sont favorables à l’idée d’avoir un souverain gay. Au Royaume-Uni, l’homosexualité a été dépénalisée en 1967. Les mentalités changent, y compris lorsque cela concerne leurs dirigeants. Après tout, si un Britannique, quelle que soit son appartenance sociale, peut vivre pleinement sa vie sexuelle, pourquoi en serait-il autrement pour un membre de la famille royale ?

Et qu’en pensent les principaux concernés ? Le prince William, futur roi, a déjà donné plusieurs fois son avis sur la question. En 2016, il fut le premier Windsor à faire la une d’un magazine LGBT. Dans un long entretien, il a apporté son soutien entier à la communauté LGBT par des mots forts : « Soyez fier de qui vous êtes et n'ayez pas honte ». Le fils du roi Charles balaye d’une parole le modèle patriarchal représenté jusqu’ici par sa famille pour faire correspondre leur image aux attentes de leur peuple. Désormais, le temps de l’hypocrisie est révolu. William est un homme de son époque qui n’hésite pas à soutenir la jeune génération. Lorsqu’un journaliste lui demande quelle serait sa réaction si l’un de ses trois enfants venait à lui annoncer son homosexualité, il répond sans aucune hésitation : « je soutiendrais pleinement mes enfants s’ils étaient homosexuels. Vous savez, j’y ai beaucoup réfléchi récemment car quelques parents m’ont aussi posé la question. On n’y pense pas tant qu’on n’est pas parent et je pense, évidemment, que cela ne me dérange pas. La seule chose qui m’inquiéterait, ce serait comment — compte tenu du rôle que mes enfants remplissent — ce serait interprété et vu. » Nul doute que l’avenir de la couronne britannique va en faveur d’une potentielle monarchie arc-en-ciel.