A 91 ans, la santé de fer d’Elizabeth II semble la rendre immortelle, et pourtant… Ce jour tant redouté de la disparition de la souveraine se présentera un jour. Le Royaume-Uni se doit de se préparer à l’arrivée de ce jour que le monde tente à largement dénigrer. Sam Knight, journaliste de The Gardian, a dévoilé les détails des préparatifs qui entourent la mort d’Elizabeth II. Tout y est millimétré, du moment fatidique à la mise en terre.
Le dernier souffle d’Elizabeth II rendu, s’enclenche alors un mécanisme savamment orchestré qui laisse aucune place à l’improvisation. Depuis les années 1960, un plan perfectionné et modifié au cours des années a été élaboré. Mais l’âge avancé de la reine laisse à penser que celui divulgué il y a quelques jours par la presse britannique sera le dernier.
« London Bridge is down »
La mort d’Elizabeth II constatée, une organisation stricte s’enclanche en coulisses, avant la publication officielle de l’information. Sir Christopher Geidt, secrétaire privé de Sa Majesté, aura d’abord la lourde tâche d’informer les premiers intéressés par un nom de code précis : « London Bridge is down ». Si le Prince de Galles n’est pas présent ce jour-là, il sera le premier à entendre la voix du secrétaire. Puis, c’est au tour du Premier Ministre, et enfin du ministre des Affaires étrangères. Ce dernier devra reléguer l’information aux Premiers Ministres des seize Etats qui ont Elizabeth II comme souveraine, ainsi que les gouvernements des pays membres du Commonwealth.
Le monde politique informé, l’heure est venue de transmettre l’information aux médias. Si la BBC bénéficiait d’un privilège qui la rendait prioritaire à propos de ce genre d’information, la mort de la reine sera transmise à la Press Association, avant de faire l’écho de l’événement au reste de l’univers médiatique. Mais rien d’inconvenant ne doit filtrer. Le Professeur Huw Thomas, médecin de la reine, décidera des détails à transmettre au public. Des détails qui seront inscris sur un panneau noir, affiché sur les portes de Buckingham par un valet de chambre en habit de deuil. Au même moment, le site officiel de la monarchie se transformera en une page unique, noire, constituée d’un texte identique.
Dès lors commence une période de deuil national durant douze jours. Les présentateurs, vêtus de noir, annonceront le décès royal simultanément sur toutes les chaînes d’information du pays. Certaines ont d’ailleurs organiser des répétitions, comme Sky News et ITN. Le Times, quant à lui, a déjà préparé une liste d’articles et de couvertures qui pourront couvrir onze jours d’édition. En ce qui concerne les stations de radio, les programmes ordinaires laisseront place à des musiques mélancoliques de circonstance. Nombre d’entre elles ont déjà préparer des playlists spéciales.
L’annonce médiatique accomplie, les Britanniques pourront, s’ils le souhaitent, demander à rentrer chez eux. Dans tout le pays, les drapeaux des monuments officiels tomberont. Les matchs sportifs programmés seront annulés, et certains arrêtés. Le Théâtre national sera fermé. Tandis qu’une série d’hommages débutera dans l’enceinte du Parlement.
Une organisation plurielle
Les circonstances de la mort de la reine conditionnent l’organisation politique et sociale qui suivra. Plusieurs scénarios ont donc été imaginé selon les différentes conditions qui pourraient se présenter. Par exemple, si Elizabeth II décède dans son fief écossais de Balmoral, un rituel tout écossais sera organisé. Cornemuses et jets de fleurs à chaque passage à niveau du wagon spécial qui transportera la défunte souveraine jusqu’à Londres seront de mise. Si toutefois elle rend son dernier souffle à l’étranger, un jet BAE 146 du nom de Royal Flight décollera de Northolt, à l’extrémité Ouest de Londres, avec à son bord un cercueil de « premier appel » (le définitif pesant plus d’une tonne ne peut voyager). Pour chaque éventualité, le cercueil de la reine devra cependant arriver jusqu’à la salle du trône de Buckingham pour un dernier adieu privé de la famille royale et des employés de la Couronne.
La reine est morte, vive le roi !
A l’instant du décès d’Elizabeth II, le prince Charles deviendra Charles III, « par la grâce de Dieu, roi du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord et de ses autres royaumes et territoires, défenseur de la foi ». Le soir-même, le nouveau souverain prononcera sa première élocution.
Le lendemain, les drapeaux seront mis en berne sur tous les monuments officiels du Royaume-Uni. A 11h précisément, Charles sera officiellement intronisé roi lors d’un conseil de 670 membres au palais Saint-James de Londres. A la suite de cette proclamation, le généalogiste Thomas Woodcock annoncera publiquement l’accession au trône de Charles III au balcon du palais Saint-James. Une annonce qui sera transmise par des hérauts d’armes dans les principales places de la capitale britannique tel que Trafalgar Square.
Commence pour le nouveau monarque une tournée royale de trois jours à travers le Royaume-Uni. Au cours de cette tournée, Charles assistera aux hommages officiels pour Elizabeth II organisés par les grandes villes du royaume comme Edimbourg et Belfast. Des visites qui lui permettront de rencontrer les dirigeants locaux et de se rapprocher du peuple.
Une fois rentré à Londres, Charles assistera à un nouvel échelon de la période de deuil. En ce quatrième jour qui suit la mort de la reine, le cercueil de la défunte sera transféré à Westminster Hall par une première procession militaire pompeuse qui passera par le Mall. Dans cette immense salle chargée d’histoire, le peuple pourra rendre un dernier hommage à Elizabeth. Le cercueil surmonté de l’étendard royal, de la couronne d’Etat et des sceptres, sera exposé 23h sur 24 durant quatre jours. Enfants et petits-enfants se légueront pour le veiller. Ainsi, 500 000 personnes devraient pouvoir se présenter devant la dépouille.
Les funérailles
A l’aube du dixième jour de deuil, les joyaux de la Couronne seront enlevés et nettoyés afin de débuter les funérailles. Ce jour spécial sera chômé par tout le royaume et la bourse de Londres sera fermée. A 9h, Big Ben retentira dans un son volontairement étouffé par des coussins de cuir. Pour permettre à un maximum de personnes d’assister à la cérémonie, des écrans géants seront installés dans les principaux parcs de Londres, comme Hyde Park.
Deux-mile personnes prendront place dans l’abbaye de Westminster, alors que le cercueil quittera Westminster Hall en direction de l’abbaye voisine par une procession militaire lente et silencieuse. Les membres de la famille royale qui prendront part au cortège seront précédés des corgis, si chers au cœur de la reine (en 1910, les proches d’Edward VII avaient fait précéder le cortège par son fox-terrier César).
A 11h précisément, le cercueil entrera en l’abbaye de Westminster. A cette heure, le Royaume-Uni se figera pour marquer symboliquement l’instant. Les magasins seront fermés, les gares cesseront toute annonce, les bus se stopperont. Au cours de la cérémonie, retransmise en direct dans les télévisions du monde entier, les diffuseurs prendront soin de ne pas afficher un visage royal pendant les prières.
Une fois la cérémonie terminée, une dernière procession accompagnera le cercueil jusqu’au château de Windsor pour qu’il soit enterré sous les voûtes gothiques de la chapelle Saint-George.