Il est très attendu, mais à quoi ressemblera le couronnement de Charles III ? Voilà une question qui compte de plus en plus de réponses. A moins de 100 jours de l’événement, voici tout ce que nous savons à l’heure actuelle.
Le caractère sacré de la cérémonie
Le roi d’Angleterre est sacré. Chef de l’Eglise d’Angleterre, il est ainsi considéré comme le représentant de Dieu sur Terre. Véritable « pape des Anglais », le souverain n’est pas qu’un chef d’Etat couronné. Il a une dimension spirituelle extrêmement importante qui lui est conférée lors d’une cérémonie unique au monde : son couronnement.
En plus du couronnement à proprement dit – le moment où l’archevêque de Canterbury pose la couronne de Saint Edward sur sa tête – la cérémonie est également un sacre. Au sortir de l’abbaye de Westminster, le nouveau monarque est doté de toute sa dimension spirituelle qui fait de lui un personnage sacré intouchable. Et pour cause, le protocole interdit à une personne ne faisant pas partie de la famille royale de le toucher.
Au-delà de le confirmer comme roi du Royaume-Uni aux yeux du monde et de l’Eglise, ce couronnement va permettre à Charles de disposer de tous les symboles de ses pouvoirs qui font de lui cet être exceptionnel en cette monarchie si célébrée.
Une parenthèse enchantée dans la vie des Britanniques
Le monde dans lequel nous vivons est bousculé par des crises politiques, diplomatiques et sociales d’une envergure inédite depuis les années 1960. La guerre en Ukraine divise le monde en deux camps qui s’affrontent. Le conflit a aussi déclenché une crise économique qui touche toutes les classes sociales. Le Royaume-Uni est d’autant plus touché par l’inflation qui rend les catégories sociales les plus défavorisées encore plus pauvres.
Néanmoins, suite au décès de la reine Elizabeth II le 8 septembre 2022, le couronnement doit prendre place. Parce que la monarchie ne meurt jamais et perdure quel que soit le contexte, la suite des événements est en toute logique la tenue du sacre du nouveau souverain. Ces jours de festivités seront ainsi présentés comme une parenthèse enchantée dans ce quotidien si compliqué.
Un couronnement en phase avec son époque et son héritage
Mais Charles III n’est pas sa vénérable maman. Il veut une cérémonie à son image et en phase avec notre époque. Le dernier couronnement s’était tenu le 2 juin 1953. En soixante-dix ans, le monde et la monarchie ont changé. La cérémonie le sera tout autant. Le communiqué du Palais publié en janvier 2023 indique d’ailleurs qu’elle « sera tournée vers l’avenir, tout en étant ancrée dans les traditions et un apparat de longue date ».
Le couronnement d’Elizabeth II avait duré trois heures devant 8 000 invités. Celui de Charles III verra sa durée plus restreinte et le nombre d’invités moins élevé. Seuls 2 000 personnes auront la chance de voir la couronne de Saint Edward posée sur la tête royale.
Une question demeure donc en suspens. Quelles personnalités et hauts dignitaires étrangers seront invités ? Si le prince Albert II de Monaco et son épouse ont déjà confirmé leur présence, nous ne savons pas à l’heure actuelle quelles autres têtes couronnées s’assiéront sur les bancs de l’abbaye, et quels hauts responsables politiques étrangers feront le voyage vers Londres. Mais à n’en pas douter, étant donné le nombre d’invités, cette cérémonie fera des déçus.
Un couronnement est une cérémonie d’Etat. Contrairement aux mariages princiers, elle est donc entièrement financée par le contribuable. Il en va donc de la responsabilité du gouvernement de la faire peser le moins lourd possible dans le porte-monnaie des Britanniques. Aussi grandiose soit-elle, elle coutera moins cher que le sacre de la reine Elizabeth.
L’organisation du jour le plus important du règne de Charles III bat donc son plein sous le nom de code « Golden Orb ». Elle est entièrement prise en charge par le duc de Norfolk, Edward Fitzalan-Howard. Comme le veut la tradition, l’organisation des funérailles du monarque défunt et le couronnement de son successeur est confiée à cet aristocrate considéré comme le plus ancien pair de Grande-Bretagne.
Le duc de Norflok devra mettre en place une cérémonie qui conservera ses aspects traditionnels, reflétant ainsi le souhait du roi de s’inscrire dans la continuité dictée par l’histoire de son pays. Charles III est aussi un homme ouvert sur les questions religieuses et ethniques. Il pourrait ainsi inviter des membres de différentes confessions à rejoindre la congrégation, selon le Daily Mail.
Un Comité des requêtes liées au couronnement a été formé pour trouver des volontaires qui joueront un rôle au cours de la cérémonie. Mais ne s’inscrit pas sur la liste des prétendants qui veut. Seuls des aristocrates propriétaires terriens peuvent y prétendre. Ainsi un duc aura le privilège d’apporter le sceptre à l’archevêque de Canterbury, quand un autre pourra se tenir à ses côtés au moment de la prestation de serment.
Un couronnement pour une union familiale
Les Windsor n’ont jamais traversé une telle crise depuis la mort de Diana. Les désirs d’émancipation du prince Harry l’ont poussé à quitter le Royaume-Uni avec femme et enfants pour vivre leur propre vie, loin de leurs obligations officielles. Les Britanniques leur en veulent d’avoir fuit et trahit la Couronne de la sorte. Leur série Netflix et les mémoires de Harry n’ont pas réconcilié le peuple anglais et le fils cadet du roi. Au sein même de la famille royale, les Sussex divisent fortement. Les querelles fraternelles entre William et Harry en sont l’image parfaite.
Mais pour son couronnement, Charles III désire rassembler tous les membres de sa famille. Le roi aimerait voir à ses côtés ses deux fils mais la question de la présence du prince Harry et de Meghan ne coule pas de source. Charles aurait ainsi missionné l’archevêque de Canterbury Justin Welby, qui a toute sa confiance et connait bien le jeune couple, pour le convaincre de s’y rendre. L’avenir nous dira s’ils prennent un avion pour Londres ce jour-là, ou se contenteront de la suivre devant leur télévision bien au chaud dans leur salon cossus de Los Angeles.
Le programme détaillé
Vendredi 5 mai 2023
Charles III devrait passer la nuit précédent le couronnement dans le Lit d’Etat du palais de Westminster. Il s’agit là d’une tradition qui remonte à Guillaume le Conquérant, à l’époque où le palais était la résidence londonienne du monarque avant de devenir le Parlement britannique. Cette tradition n’a pas toujours été respectée par le passé. Par exemple, la reine Victoria n’avait pu y séjourner pour son sacre en 1838 car les appartements d’Etat du palais avaient été ravagés par un incendie quatre ans plus tôt. Le lit remonte donc à l’époque où le palais fut restauré. Il a été dessiné par Augustus Pugin en 1859 et n’est utilisé qu’à l’usage du souverain.
Samedi 6 mai 2023
La cérémonie aura lieu en l’abbaye de Westminster, là où la majorité des rois anglais ont été couronnés depuis Guillaume le Conquérant, huit mois après la disparition de la reine Elizabeth II. La période de deuil national aura ainsi été respectée. Charles III ne devrait pas porté de manteau d’hermines mais seulement l’un de ses uniformes militaires.
Le couple royal partira du palais de Buckingham à bord du splendide Gold State Coach pour se rendre à l’abbaye au cours de la King’s Procession. Commencera alors la cérémonie sous les cloches de Westminster qui sonneront à tue-tête.
Fait unique dans l’histoire britannique, le roi sera certainement oint sous un dais transparent afin que le public puisse voir le moment crucial de la cérémonie. D’ordinaire, il reste sous la discrétion d’un dais doré qui cache la vue des invités et des caméras. Charles III voudrait montrer ainsi l’image d’une monarchie plus proche de son peuple.
Charles III sera couronné par l’archevêque de Canterbury. Puis, viendra le tour de la reine consort Camilla qui devrait être couronnée avec la couronne des reines consort sur lequel est monté le célèbre diamant Koh-i Nor.
Le prince de Galles devrait être ensuite le seul pair du royaume à prêter serment de fidélité à son père. Pour le couronnement d’Elizabeth II, tous les pairs du Royaume-Uni avaient dû s’y plier, le prince Philip ouvrant le bal des genoux à terre.
Le couple royal sortira couronné au son de Zadok the Priest.
Charles et Camilla prendront enfin place dans le Gold State Coach pour retourner au palais de Buckingham. La Coronation Procession sera plus fastueuse que la précédente et comptera tous les membres de la famille royale présents. Le parcours effectué par Elizabeth II au moment de son couronnement avait duré 45 minutes pour une distance de 7 km, mais celui de Charles III sera revu à la baisse.
Une fois arrivée au palais, la famille royale fera une apparition au balcon devant la foule rassemblée pour mettre un point final à cette journée historique.
Dimanche 7 mai 2023
Les Britanniques seront invités toute la journée à effectuer des pique-niques et des fêtes de voisinage en l’honneur du roi dans tout le royaume.
Dans la soirée se tiendra un grand concert du couronnement au château de Windsor. Retransmis par la BBC, il promet d’être grandiose, à l’image de celui organisé pour jubilé de Platine. Le communiqué du Palais se contente d’indiquer que « des icones mondiales de la musique et des stars d'aujourd'hui pour fêter cette événement historique », sans pour autant dévoiler leur identité. Mais The Sun indique que les Spice Girls pourraient faire leur grand retour ce soir-là. Une « chorale du couronnement » sera également formée, avec des chanteurs de chorales de réfugiés, du service de santé public, des groupes de chant LGBTQ+ et de sourds.
Lundi 8 mai 2023
Ce lundi a été décrété comme jour férié au Royaume-Uni pour marquer l’événement.
Pour ce dernier jour de festivités, le Big Help Out sera lancé. Il s’agira d’une journée consacrée au bénévolat pour rendre hommage à la vie de service qu’a toujours mené Charles. Il invitera les Britanniques à consacrer leur temps à des activités « telles que le ramassage de déchets ou le partage d’un café avec leurs voisins ». Cette journée a pour objectif de sensibiliser le public aux actions solidaire et de créer des vocations à long terme. Certains membres de la famille royale devraient y participer, notamment le prince et la princesse de Galles.
