Le prince Philip chez les Bonaparte

Si les origines historiques de la reine Elizabeth sont allemandes, celles de feu son époux, le prince Philip, sont européennes. Et on sait peu qu'il passa une partie de son enfance en France, à Saint-Cloud, grâce à la générosité d'une descendante de Napoléon Ier.

 

Marie Bonaparte, une princesse hors normes

Au XXe siècle, alors que la IIIe République est bien installée, la famille impériale de France fait parler d'elle en la personne de Marie Bonaparte, fille du prince Roland Bonaparte et arrière-petite-nièce de Napoléon Ier par Lucien.  Riche héritière (petite-fille du fondateur des casinos de Monte-Carlo et de la Société des Bains de Mer de Monaco) mariée par décision de son père au deuxième fils du roi des Hellènes, Georges de Grèce, elle mène une vie désenchantée du fait de ses problèmes conjugaux. Sa rencontre avec le psychanalyste Sigmund Freud en 1924 changera le cours de son existence - et la sienne : il sera sauvé physiquement des nazis en 1938 par la Princesse -. Après le renversement de la monarchie grecque, Marie de Grèce et son époux s'installent en France, dans la villa de Saint-Cloud où elle était née en 1882.

 

Un jeune exilé

Le 10 juin 1921 à Corfou naît le prince Philip de Grèce et de Danemark, dans un contexte politico-diplomatique des plus agités. Depuis 1919 et l'octroi à la Grèce par les Alliés d'anciennes possessions ottomanes, le père de l'enfant, le prince André de Grèce,  dirige la répression des troubles, sans succès...  Ces échecs militaires provoquent un coup d'Etat de la part d'officiers contraignant le roi Constantin Ier à l'abdication. Le prince André est traduit devant une cour martiale et banni, tandis qu'il est menacé de mort par les républicains.

Par solidarité familiale, le roi d'Angleterre assure le rapatriement de la famille par bateau, le petit Philip voyageant dans un panier d'osier ! C'est le commencement d'un long exil... Après un premier séjour à Londres, c'est à Paris qu'André de Grèce et Alice de Batenberg décident, en 1927, de s'installer en famille (avec leurs cinq enfants), plus précisément à Saint-Cloud, où ils sont accueillis par l'un des frères d'André, Georges, marié à la princesse Marie Bonaparte.

 

Un prince grec à Saint-Cloud

Afin de sortir l'unique garçon de la fratrie de la compagnie de ses soeurs et des jupes de sa mère, les parents de Philip, alors âgé de 6 ans, à l'école "The Elms" installée non loin de l'hôtel Bonaparte, sise avenue Eugénie (adresse impériale !). Il s'agit de l’ancienne maison de l'écrivain Jules Verne, transformée en établissement d'enseignement par un Américain originaire de Washington, Donald Maclannet. A la différence des écoles françaises de l'époque, une part importante y est accordée à la culture physique.

Jusqu'en 1929, le jeune prince exilé mène une existence insouciante, en dépit des problèmes que traverse le couple de ses parents. Le prince André sombre dans l'alcoolisme, se ruine dans le jeu et l'adultère à Monaco, tandis que la princesse Alice est en pleine crise de mysticisme orthodoxe. En fait, celle qui se prend pour la fiancée du Christ est schizophrène, ce qui conduit à son internement en Suisse. Le jeune Philip est désormais bien seul, d'autant que ses soeurs, en âge de se marier, convolent l'une après l'autre avec des princes allemands.

C'est la raison de son départ de France, sa grand-mère maternelle Victoria de Hesse-Darmstadt et son oncle George Mountbatten rapatriant le petit garçon au palais de Kensington de Londres, où il commence une vie de prince à l'anglaise...

 

La francophonie en héritage

De ces années françaises, pourtant marquées par l'éclatement du couple parental, Philip d'Edimbourg les considèrera parmi les "plus heureuses" de sa vie. Et toujours il gardera en lui quelque chose de Saint-Cloud et de la France...