Il est 10h30 ce 14 juillet 1789 lorsque des Parisiens insurgés se rendent devant la Bastille, cette prison d'Etat symbole du pouvoir despotique du roi de France. En seulement quelques heures, la forteresse est aux mains des révolutionnaires. Cette date marque le début d'une révolution sans précédent vouée à changer la face du monde.
Les révolutionnaires veulent mettre fin à l'absolutisme mais aussi à ce régime qui veut qu'une élite dotée de privilèges gouverne seule le royaume. En somme, le régime des trois ordres est devenu insoutenable. Après la prise de la Bastille, la France devient le laboratoire d'un régime aux idées nouvelles qui accoucheront de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Oui mais voilà, si nouvelles soient-elles, les idées de la Révolution sont loin de faire l'unanimité.
L'Europe de la fin du XVIIIe siècle est parsemée de monarchies. Alors que la famille royale française voit son destin basculer dans l'horreur, les autres monarchies et en particulier l'Angleterre perçoivent d'un mauvais œil cette révolution.
Le roi George III règne alors depuis 29 ans sur le Royaume-Uni. Sa popularité n'a jamais été aussi élevée depuis qu'il s'est remis de sa première crise de folie. Les Britanniques sont plus que jamais attachés à leur monarchie où leur roi règne avec à ses côtés le plus ancien parlement du monde.
Malgré la perte des colonies américaines, l'Angleterre est une puissance montante qui fait de l'ombre à la France. De nombreux Britanniques, comme Edmund Burke, craignent alors que le trône de Saint-Edward ne soit le prochain à tomber. L'Angleterre tremble à l'idée de voir apparaître "la maladie française" sur leurs îles. Bien entendu, le Royaume-Uni ne met pas longtemps à déclarer la guerre à la France, mais est-ce suffisant ?
Selon l'historien de l'Université du Texas du Nord Marilyn Morris, les Britanniques étaient en fait en faveur d'une réforme constitutionnelle et non à l'abolition la monarchie. Pour eux, la monarchie parlementaire est une protection contre le despotisme. Des groupes extrémistes républicains se sont néanmoins formés en Angleterre mais sans jamais réussir à s'imposer. A l'inverse, la figure du monarque devient une icône nationale et morale glorifiée par le peuple. C'est ainsi que survit la monarchie britannique aux heures les plus sombres des monarchies européennes.