En 1666, Londres est victime du plus important incendie de son histoire. La gravité des destructions qu’il engendre a tellement marqué les esprits qu’aujourd’hui encore il demeure dans les esprits des Britanniques. L’heure est venue de revenir sur les heures sombres de la capitale anglaise.
Londres, une cité archaïque
Dans les années 1660, Londres est de loin la plus importante ville de Grande-Bretagne. Avec plus de 500 000 habitants, elle compte parmi les plus peuplées d’Europe. Mais comparée au style baroque de sa voisine d’outre-Manche, les nombreuses maisons de bois qui composent les rues londoniennes paraissent archaïques. Voilà plusieurs années que la ville ne demande que de grands travaux d’urbanisation. En 1665, la ville doit d’ailleurs affronter une grande épidémie de peste qui fait plus de 100 000 victimes. Londres a du mal à mettre fin à l’épidémie avec l’état désastreux de ses rues. Les bâtiments de bois apparaissent comme des risques pour l’avenir de la cité. Précaires, fragiles et facilement en proie aux incendies, ces maisons qui sont apparues pour loger simplement la très nombreuse population arrivée rapidement à Londres.
La célèbre City de Londres ne fait pas exception. Ce quartier d’affaires qui apparaît déjà en ce milieu de XVIIe siècle comme le poumon économique de la capitale anglaise est constitué lui aussi de maisons en bois. Avec de tels bâtiments, une seule étincelle et tout s’embrase. Les contemporains en sont conscients mais les travaux sont trop grands pour la jeune monarchie qui n’a été restaurée que six années auparavant. Les caisses de l’Etat sont vides et le trône de Charles II est fragile, lui qui a dû reconquérir sa couronne à la suite du protectorat de Cromwell.
L’origine de l’incendie
Le 2 septembre 1666, Thomas Farynor termine sa journée de travail et part se coucher. Cet homme n’est autre que le boulanger de Charles II. Son appartement se situe au-dessus de sa boutique de Pudding Lane. Il s’enfonce dans un profond sommeil quand tout à coup il est réveillé par une forte chaleur. Il a oublié d’éteindre le four de sa boulangerie. L’incendie se déclare à deux heures du matin dans son établissement avant de donner naissance à l’un des plus grands embrasements de l’histoire.
Les étincelles qui s’échappent de sa boulangerie mettent le feu aux bottes de pailles qui se trouvent dans la cour de l’auberge voisine. Le quartier de Pudding Lane se situe au coeur du Vieux Londres et fait figure de dépotoire du marché d’Eastcheap. Personne ne s’affole face aux flammes dans une ville qui est habituée aux incendies. Le roi Charles avait d’ailleurs écrit auparavant au Lord Maire pour qu’il prévienne des incendies.
Le Grand incendie de Londres
A midi, le roi n’est toujours pas averti de la situation. Ce 2 septembre 1666 est un dimanche et personne n’ose le déranger alors qu’il se rend à la messe. La météo est propice aux flammes. Un vent d’Est souffle sur Londres et les flammes commencent à se propager d’une vitesse grand V. L’incendie atteint désormais la Tamise. Les entrepôts gorgés de bois, d’huile, de rhum et de charbon explosent comme des bombes l’un après l’autre.
Pour remplir plus rapidement leurs sceaux, les pompiers coupent les canalisations de cette partie de la ville. L’eau ne circule plus et les flammes ne cessent de se propager. Pendant quatre jours, les flammes ravagent la ville. Au total, 150 hectares partent en fumée soit 80% de la superficie de la cité de l’époque. Les boutiques installées sur London Bridge s'effondrent. Les étincelles traversent même la Tamise grâce au vent et embrasent d’autres quartiers londoniens comme la City. La chaleur fait exploser des pierres et éclater des sépultures de la cathédrale Saint Paul. Même la vieille cathédrale gothique n’est pas épargnée. Elle est complètement réduite en cendres à la fin de l’incendie. Son toit en plomb fond et des morceaux de plomb en fusion inondent les rues avoisinantes. La fumée est si noire que Londres se retrouve plongée dans la nuit en pleine après-midi.
Un incendie destructeur
Finalement, les pompiers et habitants réussissent à en venir à bout mais la ville de Londres en paye le prix fort. Charles II intervient d’ailleurs personnellement pour tenter de mettre fin à ce désastre. Il ordonne à ce que des coupes-feu soient organisés en faisant abattre des immeubles. Le roi est lui aussi à Londres lorsque le feu se déclare, apercevant les flammes depuis les fenêtres du palais Saint-James.
Si les dégâts matériels sont immenses, les pertes humaines sont relativement minimes. Même si le bilan exact des victimes reste inconnu, on sait aujourd’hui que la plupart des habitants ont eu le temps de fuir. Mais 13 200 maisons, 87 églises, la cathédrale Saint Paul, et une partie de la City sont détruits. Environ 70 000 habitants de la City sur 80 000 ont perdu leurs habitations. Ces sans domiciles se réfugient dans des camps de réfugiés levés dans la campagne environnante.
L’incendie a été si puissant que le feu continue à sévir des semaines durant dans certains quartiers et certaines caves. Mais le Grand incendie de Londres a un côté positif. Grâce à lui, la capitale anglaise a réussi à mettre fin à l’épidémie de peste qui la rongeait. Si les Londoniens s’opposent à une nouvelle organisation de la ville lors de sa reconstruction, la cathédrale Saint Paul est quant à elle reconstruite dans un style classique typiquement attaché au XVIIe siècle en reprenant le modèle de la basilique Saint Pierre de Rome. Ainsi, elle devient le plus grand édifice religieux d’Angleterre. Par superstition, une tradition fait également son apparition. A partir de ce moment, les commerces ferment leurs portes tous les lundis.