Qu'est-ce que la monarchie britannique ?

Imaginer l’Angleterre sans sa monarchie, est-ce possible ? Le Royaume-Uni est, comme son nom l’indique, indissociable de son régime monarchique. C’est lui qui rythme son histoire et son avenir. Le royaume d’outre-Manche a d’ailleurs été marqué par certains règnes d’importance. Guillaume le Conquérant, Henri VIII, Elizabeth Ire, George III, Victoria, ou encore Elizabeth II, tous ces monarques ont fait de l’Angleterre un Etat respecté à la puissance incontestable. Mais qu’est-ce que la monarchie britannique ? Comment fonctionne-t-elle ? Quelle est son importance et son avenir ? Nous sommes là pour éclairer vos esprits.

 

Le Royaume-Uni : un pays, quatre nations

L’unification de l’Angleterre

En premier lieu, la véritable histoire de la monarchie britannique débute en 1801 avec la signature de l’Acte d’Union par George III. Par cet acte, George III réussit ce que bien des monarques anglais avaient tenté, il unifie la Grande-Bretagne et l’Irlande pour créer le Royaume-Uni. Mais avant cela, pour bien comprendre l’origine de cette monarchie, un grand retour dans le passé est nécessaire.

Quand Guillaume le Conquérant s’empare du trône de Westminster en 1066, il met un terme à des décennies de guerres entre les anciens royaumes qui constituent l’Angleterre. Ce n’est que depuis 927 que l’Angleterre s’est unifiée, faisant disparaître une dizaine de royaumes comme le Wessex ou la Mercie au profit d’un Etat fort. Guillaume profite du trouble qui subsiste sur la question de la succession d’Edward le Confesseur pour s’emparer du trône à sa mort. Avec lui naît véritablement l’Angleterre et ses ambitions de grandeur.

La création du Royaume-Uni

Les Îles britanniques sont constituées de l’Angleterre, l’Ecosse, le Pays de Galles, de l’Irlande et de nombreuses îles au statut politique et juridique parfois complexe. Pendant des siècles, l’Angleterre s’est imposée par la force des armes contre ses voisins. Les monarques anglais avaient à cœur de constituer une union britannique qui permettrait de constituer un Etat fort, capable de s’imposer sur la scène européenne comme une grande puissance.

Ce rêve anglais d’unité ne s’est pas fait en un jour. Il a fallu attendre 1282 pour voir le Pays de Galles tomber entre les mains du roi anglais Edward Ier. Cette première conquête guerrière est la première de la série britannique. En 1541, Henri VIII met fin à la conquête de l’Irlande en se proclamant roi d’Irlande. Deux siècles plus tard, en 1707, la reine Anne signe le premier Acte d’Union de l’histoire britannique qui unit l’Angleterre à l’Ecosse et donne naissance à la Grande-Bretagne. Enfin, c’est en 1801 que naît définitivement le Royaume-Uni, même si ce dernier a connu un nouveau bouleversement politique en 1922 avec la signature d’un traité créant l’Etat libre d’Irlande.

Ces quatre dates ont donc permis la création du Royaume-Uni. Mais si les Etats sont unis, les nations demeurent. Chacune a constamment sauvegardé ses propres traditions et ses propres fonctionnements. De plus, l’idée d’obtenir une certaine autonomie a toujours subsisté en chacune d’elle. En somme la monarchie a d’abord un rôle primordial pour la subsistance du Royaume-Uni. Elle est le ciment qui tient reliés ces nations en un seul pays. Sans elle, un millénaire d’Histoire et de traditions s’écroule.

 

Une monarchie parlementaire

Le Royaume-Uni est dirigé par une monarchie parlementaire qui répond aux exigences d’une constitution non écrite. Cette constitution est en fait un ensemble de documents signés au cours du temps et qui forment les lois fondamentales du royaume. Parmi eux, on compte la Magna Carta (ratifiée en 1215) et la pétition des droits de 1628. Cette monarchie naît réellement suite à la Glorieuse Révolution de 1688-1689. A cette date, le roi Jacques II Stuart est chassé du trône par sa fille et son gendre qui finissent par régner conjointement sur l’Angleterre sous les noms de Marie II et de Guillaume III. Mais cette accession inédite dans l’histoire anglaise a un prix. Pour ceindre la couronne, ils doivent partager leurs pouvoirs avec le parlement. Ce régime est donc divisé entre un monarque et un parlement segmenté en deux chambres. Naît ainsi la théorie du « roi en son parlement » où trois entités dirigent un royaume. L’arrivée sur le trône d’un prince germanique du nom de George de Hanovre en 1714 a vu progressivement diminuer les pouvoirs du souverain au profit du Parlement. George Ier puis George II se désintéressent de la politique anglaise, préférant celle de leur royaume de Hanovre. Si George III a tenté de s’imposer au cours de son règne, il était trop tard, le mal était fait. Désormais, le Parlement avait pris l’habitude de gouverner en s’abstenant de plus en plus de consulter le monarque. C’est ainsi que naît la monarchie parlementaire britannique.

Le pouvoir législatif appartient à la Chambre des Communes et à la Chambre des Lords. Quant à l’exécutif, il est exercé par le Premier Ministre et son Cabinet. Le monarque britannique est donc avant tout un chef d’Etat qui a un rôle essentiellement représentatif. Par sa figure, le royaume est représenté sur tout le territoire et bien au-delà. Son profil est inscrit sur les billets, les pièces de monnaie et les timbres. Son monogramme est présent sur les boîtes aux lettres et les téléphones publics. L’hymne national (le God save the king/queen) a été écris à sa gloire, tandis que le jour de son anniversaire officiel (le deuxième samedi de juin), une parade militaire appelée Trooping the colour fait office de fête nationale. En somme, le roi est présent quotidiennement dans la vie de ses sujets. Mais sa position ne se limite pas à un rôle représentatif.

 

Le rôle politique du monarque

D’abord, il nomme le Premier Ministre qui forme un gouvernement en son nom. Depuis la reine Victoria, l’usage veut qu’il choisisse celui qui a obtenu la majorité des sièges de la Chambre des Communes. Avec son Premier Ministre, il entretient une relation particulière. Une fois par semaine, ils se rencontrent pour discuter de l’actualité politique, économique et sociale du moment. C’est dans cette pièce close de Buckingham qu’il peut offrir conseils, réprimandes, avis et félicitations à son Premier Ministre.

Politiquement neutre, le souverain ne peut donner son point de vue politique en public. En cela, il doit se conformer aux actions de son Premier Ministre pour ne pas prendre parti. De cette manière, il s’impose comme le monarque de tous les Britanniques. Le roi a également la charge d’ouvrir les sessions parlementaires autant de fois qu’il le souhaite. Il a le pouvoir de dissoudre à sa guise le Parlement. Il détient également un droit de veto puisqu’il signe les lois.

Le monarque a également un rôle spirituel puisqu’il est depuis le XVIe siècle le chef suprême de l’Eglise d’Angleterre. Il doit donc faire respecter les dogmes institués par les évêques et les archevêques qu’il a la charge de nommer. Oint du Saint Chrême, il est considéré comme le représentant de Dieu sur Terre. Il est l’interface entre les Hommes et le Divin. Par son sacre, il devient un personnage intouchable, une cérémonie spectaculaire qui donne un caractère spirituel à sa fonction. Au-dessus des ecclésiastiques, il ne connaît aucun supérieur hiérarchique, si ce n’est Dieu. Les archevêques de Canterbury et d’York sont les deux plus hauts personnages de l’Eglise après le souverain.

 

La famille royale : une famille pour un royaume

Une famille royale publique

Mais à n’en pas douter, le rôle du monarque est essentiellement représentatif. La famille royale britannique est connue dans le monde entier. Qui ne s’enthousiasme pas devant leurs apparitions au balcon de Buckingham ? Ce balcon a d’ailleurs été parfaitement étudié pour offrir un lieu idéal où la famille royale peut se présenter à son peuple.

L’initiative vient de l’époque victorienne, mais elle a été développée par George V. Avant la reine Victoria, le quotidien de la famille royale restait de demeurer cacher pour se protéger de possibles attentats et de ne pas se mélanger au commun. La monarchie britannique de l’époque souffrait d’une mauvaise réputation. La vie désinvolte et libertine de George IV et Guillaume IV ont eu raison de la popularité de l’institution. Victoria doit agir pour imposer le respect que l’institution mérite. Elle crée une monarchie de représentation où le souverain sort et se montre au peuple. C’est un succès et la tradition des apparitions royales demeure de nos jours.

Mais au début du XXe siècle, George V doit faire mieux. En temps de guerre contre l’Allemagne, il veut faire oublier ses origines allemandes aux Anglais et crée une nouvelle dynastie. En plus de cela, il fonde une nouvelle manière de voir la monarchie. La famille royale, qui représente l’union du royaume et le prestige du Royaume-Uni à travers le monde par ses voyages à l’étranger, doit désormais être accessible. Le roi se mêle à la foule et visite les hôpitaux tout en gardant sa distance royale. Il veut diffuser l’image d’une famille idéale, en contact avec son peuple qui l’admire, pour faire perdurer le régime alors que la plupart des autres monarchies du monde tombent.

 

La révolution elizabethaine

Il faut attendre le règne d’Elizabeth II pour voir cette manière de s’imaginer la famille royale changer. La reine a tiré les leçons du passé avec la succession de malheurs créée par la princesse Diana. Désormais, la famille royale doit non seulement être visible et accessible, mais elle doit aussi être le reflet de la société de son temps. Avant son règne, un membre de la famille royale devait épouser une aristocrate anglicane, non divorcée, et vierge. Depuis 2013, il est possible d’épouser une catholique sans voir son rang social basculer. Chaque prince peut en plus de cela épouser l’amour de sa vie. Le rang social passe désormais en second. Les mariages de Charles et Camilla, William et Kate, et Harry et Meghan sont justement les exemples idéaux de ce changement d’importance. De plus, les membres de la famille royale ne se contentent pas de marcher froidement au milieu d’une foule d’admirateurs, ils serrent des mains, prennent des enfants dans leurs bras et s’arrêtent échanger quelques mots avec leurs sujets. En cela, le règne d’Elizabeth II est une révolution royale.

 

Une monarchie populaire

L’ère elizabethaine est marquée par une incroyable popularité de sa souveraine. Son jubilé de diamant en 2012 a montré un enthousiasme fervent de la part des Britanniques et bien au-delà, de la part des peuples du Commonwealth. Ils sont des milliers à se rassembler dans les rues de Londres pour fêter les 60 ans de règne d’Elizabeth au cours de trois journées exceptionnelles rythmées par de nombreux événements comme une parade navale sur la Tamise. Ce jubilé montre l’extrême popularité dont jouie la reine de nos jours. Pourtant, cela n’a pas toujours été le cas. Les années 1990 par exemple ont été ponctuées de scandales qui ont entaché son image. Mais aujourd’hui, où en est la popularité de la monarchie britannique ?

En 2012, The Guardian publie les résultats d’un sondage. Il révèle ainsi que 70% des Britanniques considèrent que la monarchie joue un rôle favorable à la Grande-Bretagne, alors que 10% seulement veulent l’abolition de la monarchie. L’année du jubilé de diamant a peut-être joué un grand rôle dans les résultats de ce sondage, mais néanmoins dans un sondage mené en mai 2016, 86 % des Britanniques interrogés se sont dits satisfaits de la façon dont la reine remplit son rôle. Ils étaient 75 % à souhaiter que la monarchie se poursuive.

Chaque nouvelle naissance, nouveau mariage ou nouvel anniversaire exprime l’engouement que suscite encore la famille royale sur le monde. C’est cette popularité qui fait l’admiration du monde pour cette institution qui n’est pas prête à laisser sa place.

 

Le coût de la monarchie

Le coût de la monarchie britannique est un débat qui ne cesse de resurgir depuis les années 1980. Selon les chiffres officiels, la monarchie britannique coûte environ quarante millions de livres par an, soit environ cinquante centimes d'euro par Britannique par an. Pour la grande majorité des Britanniques, ces dépenses sont largement justifiées par le rôle diplomatique et prestigieux que joue la famille royale. Chaque année, le Parlement vote une allocation au fonctionnement de la famille royale. Il établie une liste de ses membres avec la somme qui lui sera alloué pour l’année. Cette liste civile existe depuis le XVIIIe siècle et connaît une diminution progressive de la somme versée au cours du temps. En 2018, la famille royale a coûté 1.24 livres sterling par habitant, soit environ 1.39€.

Mais la famille royale vit surtout de ses propres revenus personnels. En 2018, la famille royale a dépensé environ 350 millions de livres sterling. Le gouvernement leur avait alloué une dotation de 82.2 millions de livres, mais ils n’en ont utilisé que 67 millions. Le reste a été entièrement financé par leurs revenus personnels qui leurs viennent de leurs terres. Le prince Charles bénéficie du duché de Cornouailles, quand la reine est propriétaire du duché de Lancastre. En tant que propriétaires terriens de nombreux territoires au Royaume-Uni, la famille royale a pu se constituer une véritable fortune qu’elle met au service de sa vie privée et publique.

La famille royale rapporte également plus de 25 milliards de livres sterling par an à l’économie du pays. Les nombreux goodies qui sont vendus lors des différents événements royaux font la joie des admirateurs du monde entier. En plus de cela, les palais royaux sont ouverts au public et permettent d’attirer de nombreux touristes.