17 juillet 1917, la cour Saint James apprend avec stupeur la grave décision de George V. La famille royale Saxe-Cobourg-Gotha n’est plus. Désormais, tous les membres de la famille régnante devront être appelé du nom de Windsor.
Quand Victoria donna naissance à une nouvelle dynastie
La reine Victoria est sur le trône depuis trois ans lorsqu’elle s’unit en la chapelle royale du palais Saint James de Londres à Albert de Saxe-Cobourg-Gotha. Albert était un prince germanique, fils cadet du Duc de Saxe-Cobourg-Gotha. Ce mariage donna naissance à neuf enfants qui prirent le nom de leur père.
Victoria descend également d’une famille germanique qui prit possession du trône de Grande-Bretagne en 1714. La famille Hanovre gouvernait un petit territoire appartenant au Saint-Empire Romain Germanique, jusqu’au jour où George Ier fut désigné comme successeur de la reine Anne.
C’est donc par le mariage de deux Êtres, issus de familles germaniques, que naît la dynastie de Saxe-Cobourg-Gotha, lorsqu’Edward VII monte sur le trône en janvier 1901.
Des origines dérangeantes
Edward VII meurt le 6 mai 1910. Il laisse sa place à son fils qui devient George V. Le règne de la Maison Saxe-Cobourg-Gotha continue ainsi.
Le 4 août 1914, le Royaume-Uni déclare la guerre à l’Allemagne de Guillaume II. Ainsi débute ce qui devient plus tard une guerre à caractère mondial. Le peuple anglais commence alors à éprouver une haine sans borne contre l’ennemi sanguinaire allemand. Tout ce qui vient de cet empire est froidement repoussé par ce peuple qui se bat fièrement et courageusement dans la boue des tranchées françaises. Le patriotisme fait vivre l’Angleterre en ces années de guerre. Même le roi montre un immense soutien à ses forces en se rendant lui-même en France au plus proche de ses troupes. Ses fils, Edward et Albert, s’engagèrent également dans l’armée afin de combattre l’ennemi.
Le patriotisme de la famille royale n’est plus à démontrer. Mais il ne suffisait pas. George V et les siens demeurent originaires d’Allemagne.
Et les Windsor virent le jour
Si la famille royale est anglaise dans son mode de vie et sa pensée, elle reste liée à son pays d’origine. George V parle un anglais doté d’un accent germanique et son fils aîné, destiné à monter sur le trône, préfère parler allemand. La langue privée de la famille régnante reste, depuis la reine Victoria, l’allemand. Dans une Angleterre en guerre, ces habitudes royales deviennent de plus en plus dérangeantes. Alors que le conflit s’éternise, le sentiment anti-germanique britannique ne cesse d’augmenter. George V doit agir rapidement pour apaiser les tensions qui progressent envers sa Maison.
Des décisions radicales
Les choix du roi s’avèrent radicaux. Le nom de Saxe-Cobourg-Gotha est abandonné au profit d’un nom purement anglais : Windsor. Ce nom fait référence au château éponyme, berceau de la monarchie britannique. C’est dans ce palais millénaire que naquit la monarchie Outre-Manche en hébergeant successivement tous les souverains anglais depuis Guillaume le Conquérant, qui décida sa construction au XIe siècle. Le choix de ce nom est donc d’abord symbolique. De plus, avec le nom de Saxe-Cobourg-Gotha, on ne peut faire plus difficilement allemand. Pour faire oublier ces origines allemandes, il fallait donc choisir un nom à consonance anglaise.
Par les anciennes possessions de sa famille, George V possède également des titres allemands. Par exemple, par le prince Albert, il hérita du titre de Duc de Saxe. Comme les membres de la famille royale, l’aristocratie britannique était composée de personnes portant des noms et des titres allemands. L’épouse même du souverain, Mary de Teck, portait le nom de Wurtemberg, une famille régnante germanique. George V donne alors l’ordre aux membres de l’aristocratie britannique d’abandonner leurs titres et leur nom, comme il s’attarde à faire pour sa propre personne. Ainsi, Louis de Battenberg, futur dernier Vice-roi des Indes et oncle du mari d’Elizabeth II, devient Louis Mountbatten. Toutes personnes réfutant la décision du roi voyaient leur nationalité britannique et leur privilèges aristocratiques supprimés.
Une famille purement britannique
Dès lors, la famille royale Windsor est appelée à régner sur la Grande-Bretagne. George V, roi du Royaume-Uni, réussit à abandonner ses origines dans le but de conserver son titre. Aujourd’hui encore cette dynastie demeure sur le trône. Elizabeth II, qui aurait du prendre le nom de son époux à son mariage en 1947 avec Philip Mountbatten, sut faire perpétuer la dynastie. Philip, comme Louis Mountbatten, était désireux de faire de son nom celui de la famille régnante, mais Mary de Teck et Winston Churchill s’y opposèrent. Par lettre patente, le 9 avril 1952, Elizabeth II déclara que son nom, et celui de ses enfants, demeure Windsor. Mais Philip se plaignit d’être “le seul homme à ne pas pouvoir donner son nom à ses enfants”. Après des années de disputes au sein du couple et entre la souveraine et son gouvernement, Elizabeth II finit par accorder le nom de Windsor-Mountbatten aux descendants ne portant pas le prédicat d’Altesse royale, et n’étant ni prince ni princesse du Royaume-Uni.
Ainsi le règne de la dynastie Windsor continue au terme de cent ans d’existence...